• Lettre ouverte à
    Mr Henri Proglio, PDG d'EDF et Président de la Fondation EDF Diversiterre
    Mr Pierre Cohen, député-maire de Toulouse
    Direction d'EDF Unité de Production Hydraulique du grand Sud-Ouest


    Mesdames et Messieurs,

        Le 15 octobre 2011, à l'occasion de la première journée de mobilisation mondiale du mouvement dit « des Indignés », les Indignés de Toulouse se sont réunis en assemblée populaire sur la place de la Daurade où, après un temps de discussion, il a été proposé d'occuper un lieu symbolique de la ville : le Bazacle, centrale hydroélectrique et espace d'exposition d'EDF via la fondation EDF Diversiterre.

        Cet espace qui se dit « culturel et pédagogique » n'est en fait qu'un lieu destiné aux expositions d'EDF et des partenaires qu'il choisit. Ainsi, ce qui y est exposé est sélectionné par EDF de sorte que les intérêts du géant français de l'énergie ne soient jamais atteints. Il ne s'agit donc pas de culture mais d'autopromotion, le tout agrémenté d'un pseudo discours environnementaliste. Or depuis le début du développement de l'industrie nucléaire cette propagande a été nécessaire à EDF et aux gouvernements successifs pour maintenir la population à l'écart de la politique énergétique et des choix de société qu'elle implique.

         Par ailleurs, suite à la loi sur le mécénat de 2003 1, 60% du financement de la Fondation sont déduits de l'impôt sur les sociétés dû par EDF. Cette propagande est donc majoritairement financée avec des fonds publics, tout comme le sont les fondations liées à Total, GDF-SUEZ ou encore celle d'Areva qui « s'implique pour améliorer le niveau d'éducation des enfants défavorisés et encourage la formation d'adultes dans les pays d'implantation du groupe » 2 (sic). Mais dans ces "formations", que peut-il bien être dit au sujet de, par exemple, Fukushima ?

         Citons aussi l'indépendance des médias, également mise à mal par la manne que représentent les dizaines de millions d'euros que ces groupes dépensent chaque année en publicité et autre sponsoring. Le Bazacle étant une centrale hydroélectrique il demeure, malgré sa modeste capacité, un symbole des nécessaires alternatives aux énergies les plus polluantes tel le nucléaire. A l'échelle mondiale, l'hydroélectricité nous fournit d'ailleurs plus d'énergie que les centrales électronucléaires 3. L'occupation de ce samedi 15 octobre n'était qu'une première étape d'un processus de réappropriation de ces lieux qui font injure à la démocratie. Dans cette perspective et sans nous satisfaire du trottoir extérieur, comme cela nous a été suggéré par un responsable du lieu rencontré ce 15 octobre, nous demandons qu'un espace au sein même du Bazacle soit mis à la disposition de tous pour que chaque voix ait droit de cité. La dictature nucléocrate n'a que trop duré !

        Tout comme les questions de démocratie et de finance, les problématiques énergétiques ont toute leur place dans le combat des Indignés. C'est ainsi que nous nous réapproprions les moyens d'information liée à ces sujets fondamentaux. Obtenir en France plus de transparence concernant le problème des déchets, le bilan carbone global de la filière nucléaire, le vrai coût de l'électricité nucléaire, les incidents dans les centrales, le sort des travailleurs du nucléaire (dans un secteur qui s'est massivement tourné vers la sous-traitance), et tant d'autres écueils liés à cette énergie, sera une véritable victoire démocratique !


    Le 26 octobre 2011
    Les Indignés de Toulouse
    contact.toulouse@prends-ta-place.fr


    1 http://lexinter.net/lois/loi_du_1er_aout_2003_relative_au_mecenat_aux_associations_et_aux_fondations.htm
    2 http://www.areva.com/FR/groupe-973/lutter-contre-l-illettrisme-pour-favoriser-l-acces-aux-savoirs.html
    3 Énergie finale produite en 2008 (monde) : 3288 Twh hydroélectriques contre 2731 TWh électronucléaires.
    Agence Internationale de l’Énergie, rapport 2010.

     

    Télécharger la lette et la diffuse à partir du lien ci dessous :

    http://dl.free.fr/dXQUS0a2B


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  • Samedi 26 novembre 2011 à la salle des fêtes de Vaour.
    REVOLUTION ESPAGNOLE - Conférence (par Michel GOMEZ)

    L'organisation en collectivités dans les campagnes d'Aragon pendant la guerre civile

    ... 17-18 juillet 1936: Franco déclenche un coup d'état militaire contre la République. Le 19, le gouvernement légal refuse d'armer le peuple. La CNT, anarchosyndicaliste, très majoritaire, appelle à la grève générale. Le 20, devant la détermination populaire, le gouvernement se résout à distribuer des armes.

    Dès lors la guerre contre Franco et ses alliés fascistes se doubla d'une révolution sociale. L'organisation anti-hiérarchique des milices au front, et la création dans les villes et les campagnes de collectivités autogérées furent les moyens fondamentaux de la tentative de mener ensemble guerre et révolution.

    La plupart des collectivités agricoles abolirent l'argent. C'est en décrivant le fonctionnement de quelques-unes d'entre elles que nous essaierons de donner corps à la richesse humaine et au réalisme pratique de cette expérience libertaire de grande ampleur.

    Du passé ne faisons pas table rase.

     


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  • L'initiative " Albi en Transition " présente le Samedi 12 Novembre 2011 à 15h00 :

    Conférence - Débat
    « Un avenir sans pétrole ? »
    Comprendre le pic pétrolier et ses impacts sur l'organisation des territoires
    ... pour mieux préparer la transition.



    Problématique :
    Notre formidable développement social, économique et industriel est basé sur une forte consommation d'énergie fossile. Outre le problème du changement climatique, notre société est ainsi largement dépendante de cette énergie. Quels seraient alors les impacts de l'épuisement des stocks pétroliers ou d'une forte hausse des prix sur l'équilibre et l'organisation de nos villes, de nos régions ?

    La conférence est organisée en 3 phases :

    Dans un premier temps, Benoît THÉVARD, Ingénieur en Génie Energétique, diplômé de l’Ecole des Mines d’Albi, explique ce qu'est le pétrole, pour comprendre son exploitation et les ressources disponibles. Il aborde également les différentes alternatives technologiques et leur capacité à répondre aux besoins futurs.

    Une deuxième partie ramène le sujet de l'énergie à l'échelle de l’individu, afin de bien cerner les ordres de grandeur et notre degré de dépendance au quotidien.

    Enfin, en mettant en perspective l’organisation de notre société depuis le XXe siècle, il aborde des pistes de réflexion pour l'avenir en prenant l’exemple du « Mouvement des Villes en Transition » et des outils tels que les « Portraits de résilience des collectivités ».

    Le contenu de cette intervention se veut accessible à tous, vivant et pédagogique. La démarche est libre, l’approche est scientifique et technique. La conférence s’inscrit dans une logique d’information et de vulgarisation.
    Un débat, puis une pause autour d'un verre, permettront une discussion sur la conférence.

    Des ateliers d'échange sur les initiatives existantes et possibles à Albi :
    Après le verre de l'amitié, vous aurez l'opportunité d'échanger sur les initiatives existantes et possibles sur notre territoire, à Albi et dans les environs. De nombreuses associations et acteurs du territoire seront présents.

    L'objectif de cet échange est d'identifier des idées d'actions concrètes, pour renforcer celles qui existent et en créer de nouvelles. Les thèmes des discussions seront décidés en fonction des souhaits des participants
    (on peut citer à titre d'exemples les thèmes : jardinage/semences, faire soi-même, réduire/valoriser les déchets, économies d'énergie...)

    Vous avez sûrement des envies, des idées à mettre en oeuvre ! C'est le moment d'en parler !!

    Lieu : Maison de Quartier de Cantepau à Albi

    Durée : conférence/débat 2h10 + pause 20min + échange sur les solutions locales 1h.

    Publics visés : particuliers, citoyens, acteurs associatifs, ainsi que décideurs, élus, responsables de services des collectivités, bailleurs sociaux, responsables d’entreprises...

    Contact : 06.32.17.64.16 ou francois.veynandt@gmail.co m

    http://fr.wiserearth.org/group/albientransition


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  • Agenda : L'Alter-festive, en soutien au journal, le 3 décembre à Gaillac !

    Contacts :

    05 63 56 27 46

    journal-altermondialiste.81@orange.fr


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  • Le 19 octobre prochain se déroulera au Palais de justice de Paris un procès en appel mettant en cause la liberté d'informer.

    Dans son livre Les coulisses du commerce équitable (2006), Christian Jacquiau se montre très critique à l'égard de l'association Max Havelaar.

    Partage d'info : Procès en appel de Christian Jacquiau dans "l'affaire Max Havelaar"...

    Celle-ci ne l'a pas poursuivi, car ses critiques y sont toutes fondées sur des faits documentés et incontestables, mais elle l'a poursuivi - et il fut condamné ! - pour des propos publiés dans un article paru dans L'Echo des savanes en 2008, des propos complètement déformés et falsifiés écrits par un auteur qui se qualifie lui-même d'imposteur professionnel.

    Christian Jacquiau a naturellement fait appel du jugement qui l'a condamné. L'histoire est racontée dans le détail sur son site : www.christian-jacquiau.fr

    Cette affaire se déroule dans un contexte général inquiétant. Ces dernières années, plusieurs journalistes ont été poursuivis suite à leurs travaux d'investigation : l'emblématique affaire Clearstream soulevée par Denis Robert, nl'interrogatoire par la DST puis la mise en examen pour « compromission du secret de la défense » de Guillaume Dasquié, la mise en examen de Jean-Michel Gouin pour « recel de violation du secret de l'instruction », le procès de Leclerc contre Bertrand Gobin, celui de Casino contre François Ruffin (du mensuel Fakir) ou encore la cascade de procès pour Mediapart suite à leurs révélations sur les affaires Caisse d'Epargne et Woerth-Bettencourt.

    A chaque fois, les accusateurs n'apportent aucun contre-argument se contentant d'attaquer en justice. Cette procédure n'est autre qu'une méthode d'intimidation envers les journalistes un peu trop curieux. Ils se retrouvent en plus à devoir engager des frais considérables pour justifier leur travail. C'est la méthode qu'a choisi Max Havelaar France à l'encontre de Christian Jacquiau.

     Le « Comité de soutien à Christian Jacquiau » s'est créé fin 2010 dans un élan de révolte suscité par sa condamnation en diffamation. Une pétition a été lancée (www.soutien-christianjacquiau.fr) pour demander à Max Havelaar France d'abandonner ses poursuites. Elle est signée à ce jour par plus de 3500 personnes. Il a été également proposé aux signataires d'apporter un soutien financier pour aider Christian Jacquiau à couvrir les dépenses juridiques, considérables, qu'il a dû engager pour se défendre. Le soutien moral et financier obtenu a été très important et particulièrement précieux.

    Il a pu constater à quel point il est entouré et soutenu dans le combat qu'il mène pour le droit à la critique, pour le droit d'informer, et contre la censure des puissants et du pouvoir de l'argent.


    Le Comité de soutien à Christian Jacquiau.

    Plus que jamais, merci de relayer notre pétition sur www.soutien-christianjacquiau.fr et notre collecte de fonds qui se poursuit.


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     L'agriculture de conservation des sols: couvrir, produire, conserver, recycler...

    Conférence de Konrad Schreiber le 17 novembre à Carmaux.
      
    - 14h : sur le terrain : profil de sol à Tanus.
    - 20h15 : conférence à Carmaux, salle Bérégovoy.

    + d'infos : http://cegaia.org/agriculture/ DEPLIANTCONFSCHREIBER2.pdf
     

     


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  • Agenda - "Que faire de la démocratie ?" rencontre/débat autour du livre "Liberté, Egalité, F... outaise" à Castres...

    Agenda - "Que faire de la démocratie ?" rencontre/débat autour du livre "Liberté, Egalité, F... outaise" à Castres...


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  • Agenda - Vendanges solidaires en soutien aux 60 inculpés du procès de Colmar à Cahuzac sur Vère !

    Samedi 24 septembre -Cahuzac sur Vère - Vendanges solidaires

    Rémi Kuntz et Catherine Godde ,vignerons bio à Cahuzac sur Vère (près de Gaillac dans le Tarn) nous accueilleront sur leur domaine le samedi 24 septembre à 9h

    Le vin, fruit de cette journée de vendange, sera aussi une contribution financière à la tenue du procès.
    Rémi et Catherine témoigneront leur opposition à la privatisation du vivant et en particulier aux vignes transgéniques.
    Des Faucheurs mis en examen au procès de Colmar expliqueront les raisons profondes qui les ont amenés
    à cette action sur un essai de vignes transgéniques sur le site de l’INRA.

    N’oubliez pas d’amener votre repas tiré du sac pour le midi; Rémi et Catherine nous offriront le produit de leur domaine.

    Renseignement:
    Jacques Dandelot 06 30 50 56 63
    Alain Hébrard 05 63 37 02 01


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  • Tunisie 2011: vous avez dit révolution ?

    Soirée du 14 janvier 2011.

    Après un discours au ton « gaullien », le président Ben Ali quitte précipitamment le pays pour trouver asile – après une valse hésitation - en Arabie Saoudite. Cette « fuite » du dictateur, en place depuis 23 ans, apparaît pour l'opinion tunisienne et internationale comme la conséquence des manifestations qui ont éclaté dans le pays depuis le début décembre 2010. Ainsi, les évènements qui ont secoué la Tunisie pendant près de deux mois sonnent-ils comme une révolution considérée, par l'ensemble des commentateurs, comme le détonateur du « Printemps arabe ».

    Les impressions lors de séjours professionnels effectués avant et après ce 14 janvier, me conduisent à un certains nombre de réflexions sur la réalité de cette révolution.

    Une précision s'impose. Il est hors de question de faire « la fine bouche » devant l'effondrement – réel – de la dictature policière qui sévissait sous Ben Ali. La liberté de parole a été enfin donnée aux tunisiens et c'est irremplaçable ! C'est l'une des manifestations la plus sensible du changement qui s'est produit. Sous la férule policière du régime de Ben Ali et de ses sbires, les tunisiens respiraient la crainte. Et le manque de liberté était patent pour ceux qui voulaient le voir... Chacun devait se méfier de ses voisins, de ses relations, des lieux qu'il fréquentait, de ce qu'il disait.... Depuis le 14 janvier, on parle de tout, on discute de tout, et c'est extraordinaire au sens premier du terme !

    Une fois cette constatation faite, il est intéressant de s’attarder sur ce que l'on peut tirer d'un point de vue socio-économique et politique des évènements qui ont secoué la société tunisienne.

    En fait, la question qui se pose est de savoir si l'on peut parler effectivement de « révolution » ou bien d'un « réajustement politico-structurel » ? Vaste question demandant de définir ce qu'est une révolution... Dans son acception la plus large, une révolution pourrait être définie comme la prise de pouvoir d'un mouvement politique dont le but serait d'amener un changement en profondeur dans la structure politique, sociale et économique d'un état. Cette définition simple, mais non simpliste, recèle tous les ingrédients qui appellent la réflexion.

    Ainsi, à l'aune de cette définition, la « Révolution du jasmin » apparaît-elle comme un « changement en profondeur dans la structure politique, sociale et économique » de la Tunisie ?

    Si la structure politique a profondément changé puisque la dictature a été renversée et remplacée par un « gouvernement de transition », que le parti du pouvoir (le fameux « Rassemblement Constitutionnel Démocratique » ou RCD) a été dissout, que les biens usurpés par la mafia de l'ancien régime ont été récupéré par l'Etat tunisien, il est plus difficile de cerner le changement « en profondeur » d'un point de vue socioéconomique, du moins jusqu'à maintenant... Le personnel politique a changé, les règles du pouvoir ont changées en devenant démocratiques, des réformes sont entreprises, mais les rapports de productions et le pouvoir économique ont, à l'heure actuelle, peu ou pas changés...

    En tenant compte des acteurs en présence lors des évènements, il est difficile d'identifier un mouvement politique porteur d'un programme « révolutionnaire »... Ceci explique peut être cela. Aucun groupement politique n'a été ni à l'origine, ni porteur du processus de changement. Les membres des partis politiques d'opposition étaient soit en exil, soit emprisonnés, les islamistes pourchassés et la centrale syndicale (CGTT) très engagée dans la « cogestion » avec le pouvoir en place... D'ailleurs le slogan « Dégage »  révélait un ras-le-bol populaire manifeste mais pas un programme politique alternatif !

    En fait, la première impression concernant la « révolution tunisienne » est que l'on a éliminé « en douceur » ceux qui devenaient gênants. Ben Ali bien sur, incarnant un pouvoir autoritaire à la dérive et usé, mais surtout la belle-famille, les Trabelsi, qui représentaient de plus en plus une hérésie au point de vue économique. En effet, cette « famille » avait la main mise sur presque toutes les activités économiques du pays. Le détournement de l'économie à leur profit représentait près de 60% du PIB du pays ! En réalité, la Tunisie n'était plus un pays où la libre entreprise fleurissait sans entrave, mais à l'opposé, un pays ou l'on devait systématiquement tenir compte de l'appétit d'un pouvoir mafieux de plus en plus avide et envahissant. On raconte même que MacDo désirait s'implanter à Tunis mais que, selon ses habitudes, le clan Trabelsi avait exigé 50% des bénéfices de l'entreprise. Ce serait cette exigence qui aurait conduit au « lâchage » de la dictature par les Etats Unis...

    Mais revenons sur les raisons de notre « première impression ».

    Une « révolution de la jeunesse » ?

    Il a été dit et redit, que la révolution tunisienne était celle de la jeunesse. Dans un pays ou près de 60% de la population à moins de 30 ans cela n'est pas une réelle surprise... Dans tout les cas, si cela a été le fait de la jeunesse, ce ne fut pas vraiment le fait de la jeunesse estudiantine. L'université dans son ensemble est restée étonnamment calme, et les protestations sur les campus ont plutôt été le fait des enseignants organisés en comités. D'ailleurs, les cours ont repris très vite (dès fin mars) et il faut être perspicace pour trouver désormais des signes « d'agitation ». La seule propagande politique visible sur les campus est celle des islamistes...

    Lors des grandes manifestations à Tunis ou dans les autres grandes villes, la foule ne paraissait pas plus « jeune » que la moyenne d'une foule tunisienne et même peut-être un peu moins. L'implication de la jeunesse soulignée par les observateurs provenait surtout de l'utilisation des réseaux sociaux tels que facebook ou twitter comme outil de mobilisation, réseaux qui ne pouvaient qu'être « aux mains » des jeunes, les seuls – par définition - à savoir utiliser ce nouvel outil de communication. Mais est ce suffisant pour qualifier la révolution tunisienne comme « révolution de la jeunesse » ? Cela reste à prouver...

    Des émeutes durement réprimées à l'origine du soulèvement ?

    Les émeutes dans le sud tunisien à Sidi Bouzid ou à Gafsa en décembre 2010 réputées avoir mis « le feu aux poudres » n'étaient ni plus, ni moins, réprimées que celles qui se déroulaient depuis près de 3 ans dans ces régions. Mais cette fois, elles ont été répercutées sur la « toile » avec le retentissement national que l'on sait. La question est de savoir pourquoi. Un « détail » révélateur d'acteurs agissant « en coulisse » concerne précisément internet et les réseaux sociaux. Le pouvoir, au début janvier, avait décidé d'interrompre les connexions internet. Or, l’ambassade des Etats Unis est directement intervenue pour donner l'ordre à Ben Ali de rétablir l'accès au net. Ce qu'il fit après seulement 3 jours d'interruption ! C'est probablement ce que l'on nomme le « droit d'ingérence »...

    La « fuite » de Ben Ali: une conséquence du mouvement populaire ?

    Tous les témoignages concordent, le départ précipité de Ben Ali a surpris tout le monde aussi bien le peuple, l'opposition que les membres du parti du président. On pourrait même rajouter que Ben Ali lui-même a été surpris tant sa « fuite » a donné l'impression d'une grande improvisation ! D'ailleurs, était ce vraiment une fuite ? En réalité, ce fut plutôt une manipulation. C'est comme cela qu’Ali Seriati, ministre de la sécurité a du la présenter au président. Quitter le pays pour une brève période, le temps que la police politique organise le chaos, pour revenir en sauveur ! Opération classique qui aurait dû fonctionner... Les samedi 15 et dimanche 16 janvier ont été les plus mouvementés de la « révolution ». La police, très entrainée, a délibérement créé un climat d'insécurité dans les rues de la capitale et des principales villes: snippers, tirs contre les façades en 4x4, sirènes, incendies (dans les quartiers pauvres uniquement...) etc. Simultanément, les prisons étaient « mystérieusement » ouvertes... Mais c'était sans compter sur l'armée. Dès le dimanche soir, le palais présidentiel a été attaqué à l'arme lourde dans le but de décapiter la direction de la police politique. Simultanément, ou presque, le ministre de l'intérieur était arrêté en tentant de fuir vers l’Arabie Saoudite.

    Cela interpelle sur le rôle – capital – de l'armée tunisienne pourtant peu équipée, sans lustre  et « forte » seulement d'environ 35 000 hommes face à plus de 150 000 policiers entraînés...

    L'armée tunisienne garante du processus révolutionnaire ?

    Ce fut la « divine surprise » de la révolution du jasmin ! L'armée tunisienne s'est révélé garante du processus révolutionnaire. Une armée totalement laissée pour compte par Ben Ali qui lui préférait « sa » police. Sous-équipée, absente physiquement et politiquement, l'armée fait irruption dès le 14 janvier en matinée, en se positionnant aux différents endroits stratégiques du Grand Tunis et en bouclant l'espace aérien juste après l'allocution de Ben Ali. Elle protège les tunisotes des exactions de la police politique et elle maintient l'ordre dans les principales villes. Du jamais vu ! Une nouvelle fois la question qui brûle les lèvres est: que s'est-il donc passé ? Cinq jours auparavant, le général d’état major des armées de terre, R. Ammar, avait été limogé car – officiellement – il avait refusé de faire tirer l'armée sur le peuple. Pour certains commentateurs, la prise de pouvoir du général Ammar a reçu l'aval du gouvernement américain à travers des communications confidentielles via l’Arabie Saoudite... Ce général, « sauveur de la révolution » restera quelque temps sur le devant de la scène politique, le temps pour qu'un certain calme revienne à Tunis. Depuis, il se fait ensuite politiquement discret mais il a été promu en avril 2011 chef d’état major interarmées et reste très populaire dans le pays…

    Et le rôle Etats Unis ?

    A plusieurs reprises les Etats Unis ont été cité dans ce qui précède. Rétablissement des connexions internet, relations privilégiées avec les responsables de l'armée tunisienne... Ces quelques éléments suggèrent que l'administration américaine s'est certainement intéressée de près à ce qui se passait dans le pays. Ce fut très clair dans le cas de la « Révolution du Nil » en Egypte ou c'est le chef de la CIA qui a annoncé le départ de Moubarak, en Lybie ou c'est l'OTAN qui a finalement pris la direction des opérations militaires à la suite de la coalition européenne et même en Syrie pour laquelle l'administration Obama reste très (trop!) silencieuse... En Tunisie, pays jugé moins sensible car sans pétrole et sans frontières communes avec Israël, l'interventionnisme a été plus discret mais sans aucun doute réel. Ni les entreprises représentant les intérêts américains, ni l'ambassade n'ont été mis en état d'alerte lors des évènements les plus mouvementés de la mi-janvier comme si ces derniers n'avaient jamais été vraiment pris au sérieux.

    Un scénario pour une « révolution » !

    Pourquoi ne pas faire un peu de « politique fiction »... Imaginons un scénario de ce qui a pu se tramer entre mi-décembre 2010 et fin janvier 2011 en Tunisie.

    Deux hypothèses sont nécessaires afin d'étayer notre scénario. Hypothèses d'ailleurs pas spécialement « tirées par le cheveux ».

    1- Le clan Trabelsi aux commandes officieuses de la Tunisie, estime que Ben Ali a fait son temps et qu'il faut songer à le remplacer avant que la situation sociale et politique ne dégénère vraiment et devienne incontrôlable. Ce clan est prêt à n'importe quelle compromission et alliance afin de conserver ses avantages...

    2- l'équipe Obama est traumatisée par les conséquences désastreuses de l'intervention armée en Irak. En aucun cas elle ne souhaite se retrouver dans une situation similaire mais en même temps ne peut se désintéresser de cette partie du monde particulièrement sensible: les ressources énergétiques stratégiques et la présence d'Israël ne le lui permettent pas.

    En associant ces deux hypothèses, il est possible d'entrevoir un scénario ayant débouché à ce que l'on nomme la « Révolution du jasmin ».

    Depuis au moins 3 ans, le sud tunisien est le théâtre de manifestations violentes durement réprimées. Le bassin minier de Gafsa est en effervescence. La frontière avec la Lybie est également une zone de troubles liés au « jeu » de déstabilisation de la part du pouvoir lybien vis à vis des tunisiens travaillant de l'autre côté de la frontière. En outre, l'aménagement de la côte à des fins touristiques et spéculatives a fait de nombreux mécontents dans la population: épuisement des ressources en eau et salinisation conduisant l'agriculture vivrière au bord de l'asphyxie, appauvrissement de l'intérieur du pays laissé pour compte. De ce fait, la situation fin 2010 dans le sud est très tendue. Une immolation par le feu à Sidi Bouzid d'un jeune étudiant au chômage, vendeur à la sauvette, conduit à une violente manifestation de protestation. Cette dernière est durement réprimée « comme d'habitude » oserait-on dire. Mais cette fois les réseaux sociaux entrent en scène et les manifestations de soutien se multiplient et fait très inhabituel, le Grand Tunis entre, fin décembre/début janvier 2011, dans la contestation. C'est le pays entier qui proteste !

    Le pouvoir s'inquiète. Des discours convenus avec des promesses sur l'emploi, l'avenir du pays auxquelles personne ne croit émaillent les deux premières semaines de l'année. La pression ne diminuant pas, les évènements s'accélèrent. Le général R. Ammar est limogé, le discours préenregistré est diffusé, Ben Ali « fuit », les barbouzes officient, l'armée intervient. Rideau, ou presque !

    Il est tentant d'imaginer ce qui s'est passé en tenant compte l'ensemble des informations et réflexions précédemment exposées.

    Avec l'extension des manifestations populaires contre Ben Ali, les « Trabelsi » trouvent l'occasion de le pousser dehors, tout particulièrement son épouse qui est de fait la « régente de Carthage ». Un discours d'abord ou il annonce son retrait de la vie publique dans les deux ans: sans effet tangible sur l'opinion. Ensuite, la « fuite » organisée par le responsable sécurité de son propre régime, opération contrecarrée par la « montée au créneau » surprise de l'armée. Au constat des déclarations contradictoires des principaux acteurs du 14 janvier, on ne peut que suspecter le « jeu de dupes » qui s’est déroulé dans les hautes sphères du pouvoir entre l’Armée, les factions du pouvoir en place et, bien sûr, les Etats-Unis, mais sans que la population ni l’opposition n’en perçoive les tenants et les aboutissants… On pourrait même imaginer un double « deal » entre les Etats-Unis, le général Ammar d’une part et le clan « Trabelsi » d’autre part ce qui expliquerait plusieurs curiosités dans la séquences des évènements et des déclarations du 14 janvier 2011. Un premier deal entre le chef des armées de terre qui aurait eut/qui a eut « carte blanche » pour « dégager » Ben Ali et les clans associés, un second entre les Etats-Unis et le clan Trabelsi lui faisant croire qu’ils pourraient prendre la suite du vieux dictateur. Mais à ce niveau d’hypothèse, on entre dans la politique-fiction…

    Et maintenant ?

    La « Révolution du jasmin » ou « facebook » porte-t-elle bien son nom ? La situation actuelle, 6 mois après les évènements qui ont conduit à l'effondrement de la dictature, ne paraît pas en être en faveur de la prolongation d'un réel processus révolutionnaire. L'inexpérimentation du nouveau « personnel » politique est manifeste, les adversaires du changement multiples et puissants. Le gouvernement de transition n'apporte aucun souffle et reste englué dans un cadre psychologique légué par l'ancien régime. L'absence de mouvements politiques structurés (excepté les islamistes…) se révèle un frein à la poursuite du changement.

    L'élection d'une assemblée constituante, proposition qui avait beaucoup aidé à sortir des blocages post 14 janvier, s'enlise dans des considérations politiciennes qui ont pour toile de fond la possibilité de victoire des islamistes et d'un scénario « à l'algérienne » qui s'ensuivrait avec le risque d'un coup d'état de l'armée. La situation économique se détériore et fait le lit des radicaux, nostalgiques de l'ancien régime et radicaux religieux.

    Cette situation délétère fait que la Tunisie apparaît actuellement dans une situation de grande incertitude quant à son avenir, incertitude préjudiciable à sa stabilité et à l'espérance populaire suite à la chute du régime de Ben Ali. Les 6 prochains mois, si les élections reportées au 23 octobre sont maintenues (ce qui n’est pas certain…), devraient permettre d'entrevoir dans quelle direction s'orientera le pays: soit vers un approfondissement du changement entamé le 14 janvier 2011, soit vers un désenchantement populaire, porteur à court terme d’une profonde déstabilisation et qui aura pour conséquence inéluctable de renforcer l'extrémisme religieux et la «contre-révolution».


    Pierre Courjault-Radé.


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  • Organisation et prise de décision : Assemblées permanantes et générales, commussions de travail et noyaux locaux. (extraits du document de présentation de la Coopérative)

    La Coopérative est constituée de membres, consommateurs et/ou producteurs de biens ou de services, eux mêmes participants aux commissions de travail et/ou noyaux locaux autonommes... le tout dans une économoie mixte entre l'EURO et l'ECO-coop :

    (Nous ne ferons ici, que survoler les principes de fontionnement de la Coopérative, chacun pourra trouver des documents bien plus explicites, complémentaires et exhaustifs sur Internet : http://lesonetlaforme.revolublog.com
    article « Marie, la décroissance et la coopérative... (Mazamet - Avril 2011)
    ou  sur https://cooperativa.ecoxarxes.cat/)

        «  Les commissions de travail ont un haut degré de décision, afin de leur garantir une certaine autonomie. Ainsi, une grande partie des prises de décisions étant décentralisée, les différents projets peuvent évoluer de manière autonome...

    … D'un autre côté, les questions plus générales sont mises en commun lors des débats des assemblées permanentes (tout les 15 jours / participation ouverte composée au minimum d'un membre de chaque commission de travail et d'un représentant de chaque noyau local) et des journées d'assemblée générale (tout les mois / qui traite d'une thématique spécifique, choisie au préalable par consensus et considérée comme étant décisive pour le développement de la CIC). Un réseau social internet permet les échanges d'informations et de dates d'assemblées....

    … L'assemblée permanente décide si une décision doit être remise à la journée d'assemblée, ou à la commision de résolution de conflits; une décision qui touche à des personnes en particulier doit être décidée par celles-ci...

    ... Les noyaux locaux sont des réseaux ou des groupes de personnes et de collectifs qui pensent et agissent à la manière de la CIC et partagent ses principes au niveau local. Ce sont des espaces autodéterminés. Un noyau local peut être: un quartier (ici de Barcelone), plusieurs provinces réunie, une seule province, deux ou trois communes réunies, un seul village...

    … Les « Ecoxarxas » ou Eco-Réseaux sont des associations de personnes appartenant à différentes régions et qui s'unissent de manière continue pour former des espaces économiques alternatifs à l'économie officielle. Ce sont aussi des réseaux organisés de soutien, d'aide mutuelle et d'apprentissage, sur la base des critères de durabilité écologique, de proximité et de solidarité. Leur caractéristique distinctive est l'usage de la monnaie locale (ou sociale), permettant le fonctionnement d'un système d'échange multiréciproque, et excluant l'usage de l'argent officiel. »


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