• Hé oui, tout n'est pas simple dans le monde merveilleux de l'associatif et du bénévolat... la parution du numéro 32 de l'Altermondialiste aura un peu de retard ! Ce sera vraisemblablement vers fin juillet que vous pourrez trouver ce nouvel opus... désolé, on essaye de faire au mieux !

     

    L'Alter... à la bourre !

    L'Alter... à la bourre !

     

     


    2 commentaires
  • PROJET TARN-COMPOST de VEOLIA = DANGER

       A seulement 25 km à l’est d’Albi (81) entre Villefranche d’Albigeois et Alban, sur le territoire de la commune de Paulinet, très exactement au lieu dit « Le Burg », un arrêté du Préfet daté du 5 février 2013 déclare ouverte, du 5 mars au 4 avril 2013, une « consultation d’enquête publique »  concernant la demande d’autorisation d’installation d’une « plate-forme de compostage Tarn-compost ». Quoi de plus innocent et inoffensif qu’un compost ? Allons y voir de plus près … sachant qu’un maillage de ce type se met progressivement en place dans toutes les régions de France. « Tarn-compost » deviendra donc progressivement « France-compost ».


    AVIS OFFICIEL.

    Quels sont les éléments sur lesquels nous allons nous appuyer pour cet article ? Sur « l’Avis du Préfet de la Région Midi Pyrénées, autorité administrative de l’Etat, compétente en matière d’environnement, sur le dossier de demande d’autorisation au titre des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE)» Il s’agit de la « Demande d’autorisation d’exploiter une installation de compostage. « Plate-forme de compostage Tarn-Compost » située sur la commune de Paulinet (81) déposée par SEDE Environnement ». Il faut savoir que cette société n’est qu’une filiale de la multinationale VEOLIA dont les activités sont très contestées, notamment dans le domaine de la gestion de l’eau. En date du 25 janvier 2013, la « Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement » (DREAL), un service de Préfet de Région, livre son avis. (Réf : SR-81-AME-520 CJ- ae Paulinet SEEN Avis.)

    CONTENU DU COMPOST ?

    « Du compostage, j’en fais dans mon jardin, c’est bien pour le potager et si c’est en gros avec des déchets-verts, qui sinon sont brulés, c’est mieux pour l’environnement. Vendu en sacs dans les jardineries, ça valorise les déchets organiques …» Voilà ce que diront le citoyen et la citoyenne lambda, pleins de bon-sens. Sauf que … accepteriez vous d’inclure dans votre compost familial, puis sur votre potager et vos plate bandes, «des choses»aussi étranges que des «boues issues de stations d’épurations des eaux urbaines»; des «boues de papeteries industrielles» avec leurs chimies ; des «boues issues de déchets d’industries alimentaires» a conservateurs intégrés ; des «effluents d’élevages» issues de porcheries industrielles ; des «ordures ménagères fermentescibles»; des «matières stercoraires» (prenez votre dico sans trembler) ; des «sous-produits d’animaux» comme des carcasses de bêtes crevées et des boyaux percés putréfies : «des sciures » de bois industriels traités ; des «denrées végétales déclassés» (blés fermentés ?) des «rebus de fabrication de denrées alimentaires végétales» bien imprécises ; le tout mélanger avec quelques «déchets verts» tout aussi vagues, mais bien utiles pour noyer le poisson dans le compostage et donner ainsi une couleur verte et «durable» (ce qui ne veut rien dire) nécessaire au «greenwasching» des déchets.

    LES EPANDAGES ?
    Au final, à quoi servira ce délicieux compost ? A des épandages sur les terres agricoles de la région, qui finiront d’être ainsi polluées pour les décennies à venir … Mais rassurons- nous, les productions issues de ces terres serons commercialisées dans la même région, dans votre supermarché le plus proche, sous forme de label «Produits de pays», en nous faisant même le coup de la «traçabilité». Et pour quelles quantités de compost ?

    QUE REVÈLE L’ETUDE D’IMPACT ?

    Une broutille : 37 000 tonnes par an pour commencer, dont 20 000 tonnes de «boues industrielles» de compost «valorisables en agriculture», elles aussi. Du déchet de déchets, quoi … Et tout ça avec quelques libertés au titre du «plan d’épandage», comme cette «production de compost non normé de 20 % de la production totale», c’est-à-dire la possibilité d’épandre le plus empoisonné à hauteur de 20 % du mélange final. Pauvre Tarn agricole. Mais ce n’est pas tout, le «traitement des effluents» (le poison liquide qui suinte des tas) se fera, lui aussi, dans le cadre d’un plan d’épandage particulier, «avec suivi qualitatif des eaux du bassin de rétention qui seront épandues.» sur les terres agricoles de la commune de Paulinet.

    (Les phrases entre parenthèses en sont issues).

    LES EAUX ? LES RIVIÈRES ? LES CAMIONS ?

    Pas de soucis le site à été choisit parce qu’il «ne se trouve pas à l’intérieur du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux » (S.A.G.E) et qu’aucun « contrat de rivière n’existe pour les ruisseaux a proximité». Les rejets directs dans le milieu naturel ? Pas de soucis, «grâce à la gestion des eaux pluviales», qui ne tomberont pas directement sur les composts en train de murir. Pourtant «l’analyse de l’Autorité Environnementale», (DREAL) dit quand à elle que «l’étude d’impact présente un état initial assez sommaire concernant l’hydrologie superficielle», les enjeux n’étant «pas par ailleurs clairement identifiés». De même «10 000 m3 d’eau par an sont nécessaires au procédé». Il est dit aussi que l’étude d’impact ne prouve pas que les besoins «peuvent être satisfaits en termes de ressources communales et intercommunales». Bref, l’eau risque de manquer …et de voir son prix augmenter, rendant l’irrigation des cultures trop onéreuse pour continuer. Ce point mériterait « d’être étudié sérieusement dans le projet. » Pas d’étude sérieuse sur les eaux, c’est l’Autorité Environnementale qui l’affirme. Cela risque de devenir grave à terme car «l’étude d’impact indique l’existence d’un projet de captage AEP au niveau de la retenue de Rasisse» qui est «destinée à l’alimentation d’une population de 41400 habitants, et qu’aucune étude n’existe» sur la qualité des eaux de la retenue «en cas de disfonctionnement ou d’accident».

    On vous vole l’eau puis on vous pollue. Mais restons discrets, surtout que le rapport déplore aussi que l’étude d’impact «mentionne l’existence d’un plan d’épandage», une maladresse qui risque, en effet, d’alerter les populations tant agricoles que citadines. «De même, les impacts et mesures liés à la phase des travaux (…) n’apparaissent pas», mais aussi les norias de poids lourds nécessaires à l’approvisionnement du site en fonctionnement durant des années.

    Environ 25 allers-retours de camions de 15 tonnes chaque jour ouvrable, c'est-à-dire 1 passage toutes les 20 minutes en 8 heures de travail journalier. A noter 20000 Tonnes de boues/an le relevé page d du document de la DREAL le divise par 365 soit 54.8T/j et 17000 de déchets verts soit 46.6T/j soit 101.4T/jour. En jours ouvrés sur l’année soit 252 jours nous obtenons les chiffres suivant : 79.3T/jour de boue et 67.4Tonnes / jour soit un total de 146.7Tonnes /jour !

    Quand au contexte géologique, «l’état initial apparaît assez succinct et ne met pas en évidence les éventuelles contraintes et enjeux conditionnant les choix techniques du projet. » Le rapport de l’Autorité Environnementale (DREAL) dit aussi que «l’étude ne fait pas mention des sites NATURA 2000 existants et de leurs distances vis-à-vis du projet». (Vallée du Tarn, de l’Aveyron, du Viaur, de l’Agout et du Gijou et Vallée du Tarn de Brousse jusqu’aux gorges. «L’étude ne fait pas apparaître précisément le fonctionnement géologique de la zone d’étude »(…) «Ces informations auraient mérités d’être approfondies». Tout cela est dit avec délicatesse alors qu’il s’agit tout simplement de dissimulations et retentions d’informations aux citoyens et aux pouvoir publics. Qui plus est, le site générera LUI- MEME, pas son fonctionnement, plus de 16 tonnes de déchets très polluant, évacués vers des Centres de Stockage de Déchets Ultimes par des sociétés spécialisées, dont les
    dangereux « biofiltres » en fin de course.

    LES TERRAINS ?
    Pas de soucis non plus, car le secteur est classé en « zone d’activité » sur la carte communale, puisqu’il est situé sur l’emplacement de l’ancienne mine de fluorine arrêtée en 2006. Donc, pas de précautions exagérées à prendre… Le projet couvre une surface totale de 27105 m2. «L’activité consiste en la production annuelle d’environ 8900 tonnes de compost à partir de 17000 m3 de déchets verts broyés (sous produits ligneux)». En clair, les rogatons de scieries. Et aussi «20000 m3 de refus de criblage» ( ?) et « 20000 m3 de boue urbaines et industrielles.»(…) «Le procédé de compostage est celui de la fermentation accélérée par aération forcée, sous bâtiment fermé avec traitement de l’air ambiant par biofiltres. »

    Ajoutez une énorme cuve à fioul (faut chauffer le compost), un parking, des aires de stockages des matières et des matériaux et des bâtiments annexes … Des emplois ? Oh, oui, bien sûr. Quatre ! (houa !)

    LA SANTE DES POPULATIONS ?

    Le rapport parle de nuisances sonores et olfactives, de la qualité de l’air, des risques sanitaires « considérés comme acceptables pour la population concernée ». Oui, « acceptable », les experts sont formels ? Non, pas vraiment car, lisez bien ceci : « Enfin, le dossier mentionne qu’aucun registre des cancers n’est recensé dans la zone d’étude. Hors, le département du Tarn possède un registre des cancers dont la consultation aurait permis d’apporter des données intéressantes vis-à-vis du calcul des INDICES DE RISQUE PAR DES EFFETS SANS SEUIL » En clair, les « effets sans seuil » c’est attraper un cancer sans même avoir été exposer très longtemps aux retombées « considérées comme acceptables pour la population concernée ». Manque de chance, il existe un « registre des cancers » dans le Tarn, un maitre-étalon en quelque sorte, pouvant servir à des comparaisons entre AVANT et APRES. En prime (de risque) l’étude précise bien qu’en « cas de cessation d’activité imprévue » il n’y aura pas de démentiellement total. Merci aux générations futures pour leurs engagements indispensables, mais contraints. Quand au « résumé technique » de l’étude, l’Autorité Environnementale en question (DREAL) le juge « clair et lisible pour un public
    non averti ». « Non averti », l’expression est ironique … ou cynique. Ces documents sont à disposition des lecteurs et lectrices :

    Documents "Avis du prefet région 0313"

    Ouverture de l'enquète publique

    LES VOISINS IMMEDIATS ?

    L’impact sur l’environnement humain et les activités de proximité n’est pas mentionné, ni même étudié, alors même qu’elles se situent à 500 mètres de l’implantation du projet. La Bourrelié est un hameau très actif, occupé en partie par la Ferme Pédagogique « AU FER A CHEVAL », qui accueille 4000 enfants par an dans le cadre scolaire et extrascolaire (classes de découvertes, centre de loisirs, éducation spécialisée, centre de vacances, crèches, etc. …) des adultes handicapés et des particuliers, avec une labellisation « Gîte de France ».

    Ce centre est soumis à une autorisation d’exercice sous le contrôle des autorités compétentes, d’ailleurs alertées. L’impact négatif sur les activités économiques locales, de nature touristiques et sociales, risque d’être très grave et irréversible, avec des suppressions d’emplois supérieures aux « quatre » crées par le compostage industriel. Cette Ferme Pédagogique « Au fer à cheval » à vocation d’éducation à l’environnement et est la « seule accueillant du public en internat » justement repérée ainsi par la chambre d’Agriculture du Tarn. De plus, elle vient de favoriser l’installation d’un jeune maraicher en agriculture biologique labellisé NATURE ET PROGRES, tout en favorisant les commerçants d’Alban et de Paulinet qui profitent légitimement des retombés économiques de la Ferme Pédagogique.

    L’IMPACT SUR LA BIO-DIVERSITE ?

    La Commune de Paulinet est classée « Zone Sensible Agout » et les affluents de l’Oulas sont classés en Réservoirs Biologiques. (Reproduction ou habitat des espèces de phytoplanctons, de macrophytes et phytobenthos, de faune benthique invertébrée ou d’ichtyofaune). L’Oulas présente donc des enjeux très forts en matière de fonctionnalités des milieux aquatiques et patrimoniaux, le dit projet est susceptible de remettre en question les objectifs d’atteinte de « bon état écologique » fixés par l’Europe sur l’Oulas (code ME FR FR 385). De plus, le ruisseau de Ferrier, qui serait canalisé sous buses, voit se réimplanter la truite … Le site est venteux et les particules s’envoleraient facilement vers le plateau d’Alban, et de là … Le Refuge LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), implanté sur la Ferme Pédagogique depuis plus de 10 ans à permis de sédentariser des espèces protégées (buses variables, mésanges huppées), sans oublier l’Espace Naturel Sensible (ENS) « Vallée de l’Oulas » et la ZNIEFF, qui explique l’élevage de papillons et la présence des orchidées sauvages, des arbres centenaires et des cervidés. De plus, l’absence d’atteinte aux objectifs des sites NATURA 2000 doit être une certitude absolue, comme le confirme la Cour de Justice de l’Union Européenne , sous peine de voir l’autorité compétente refuser l’autorisation du projet … qui se verrait mieux installer dans une zone désertique plus appropriée en termes de risque sur l’habitat et l’environnement…

    Un projet à long terme ?

    La SEDE, digne fille de VEOLIA est là pour durer et durera. Ce projet d’implantation s’inscrit dans la durée avec les effets nocifs inhérents à ce genre d’activité. Les monts d’Alban, terre d’élevage vient approvisionner par ses produits de l’agriculture le bassin albigeois mais également ses nombreuses sources alimentent le Dadou, l’Oulas, l’Assou et l’Ambias. L’eau tend à devenir une richesse et il n’est pas improbable de la penser non renouvelable. Ne faudrait-il pas d’ores et déjà renforcer les mesures de protection et interdire purement et simplement en aval l’implantation de sites industriels dans les contrées non contaminées ?

    RÉSUMÉ (provisoire)

    Le « Résumé de l’avis » déclare aussi, en complément de la cata si subtilement annoncée, que « le projet s’implantant sur des terres déjà anthropisés…» (c’est-à-dire peuplées d’indigènes de type homo-sapiens-sapiens) « … les risques résiduels sont acceptables (…) bien que l’état initial (de l’étude d’impact) aurait mérité quelques approfondissements ». (Eau, milieu naturel). Tout en avouant qu’il « conviendra par ailleurs d’établir une évaluation des incidences NATURA 2000 à intégrer au dossier ». C’est là leur talon d’Achille et ils le savent. Ils en feront d’ailleurs un objet de négociation avec les opposants, lâchant là du lest sans perdre la face tout en préservant l’essentiel du projet…

    Mais, la sereine confiance quand à la passivité des populations est avouée de la manière suivante : « l’étude d’impact et les études associées jointent répondent ainsi globalement aux objectifs qui leurs sont assignés…» (garde à vous !) «... proportionnellement à la nature du projet ET AU CONTEXTE LOCAL. » Bref, personne ne devrait protester collectivement. On verra. On a vu en effet à GRAGNAGUE près de Toulouse le même projet être refusé par la population, avec succès. Actuellement, dans le département de L’Orne, les habitants de NONANT LE PIN viennent de déposer un recours devant le Conseil d’Etat pour un projet similaire. On comprend pourquoi les gens de Véolia préfèrent une population soumise. Manque de chance pour eux, les Tarnais et les Tarnaises sont fières de leur esprit de résistance.

    Encore une fois, l’Industrie de la « dépollution » -fille de l’Autre- veut pouvoir engendrer autant de pollutions qu’elle est censée en supprimer. Toujours au nom de ce sacré Profit …

    La rédaction du journal trimestriel tarnais l’Altermondialiste.
    http://laltermondialiste.revolublog.com

    NOTE :  Radio Albigès dans le cadre de son émission hebdomadaire la Marmite Infernale a reçu Sylvain CARREL qui a parlé des dangers que court la Ferme Pédagogique "AU FER A CHEVAL" à cause du projet de Veolia "Tarn compost" et de ses incidences plus générales sur le Tarn.

    Le podcast de l'émission :


    3 commentaires
  • Pour diverses raisons, mais surtout pour ne pas fournir un travail bâclé à ses lecteurs, la revue "L'Altermondialiste", suspend sa parution papier pour mois...

    ...il n'y aura donc pas de numéro en Mars, mais nous reprenons la publication dès le mois d'Avril... pour Avril/Mai/Juin !

     

    Merci de votre compréhension, et n'oubliez pas le blog, qui reste actif et inter-actif, lui !

     

    L'équipe de L'Altermondialiste.


    votre commentaire
  • Lentement . . . mais surement !



        Le Dossier « Aurons nous le temps ? » de cet Alter hivernal, que vous avez en main, consacré à la lenteur contre la vitesse, est celui de la Joie de Vivre contre le Profit Mortifère.

        Le « Slow sexe » contre la pornographie, «l’école lente» contre celle qui prépare toujours les jeunes esprits à la soumission, « l’éco-gastronomie » contre le fast-food-beurk, la relocalisation des productions contre la mondialisation marchande, son commerce en ligne et ses supermarchés «drive in»… comme le refus du robot tailleur qui veut refouler le vigneron de ses vignes. (Billet d'humeur agricole p4).

        Prendre le temps de vivre, voila le cœur du Dossier central de cet Alter, avec le plaisir des luttes contre la mort lente du chacun-contre-tous de la concurrence. Simple comme de dire «non à l’aéroport de Notre Dame des Landes», le Larzac de ce siècle qui voit enfin renaitre l’esprit de résistance. L’hibernation sociale est terminée !

        Un autre monde… est indispensable, fait de solidarité joyeuse et d’entraide par l’Association des Libres Egaux, en dehors de l’Etat… et donc contre lui.

        C’est le groin dans la poussière que l’équipe des Tape-dur du gouvernement atterrira bientôt près de Nantes… sans nouvelle piste. Leurs avions chers inutiles et leurs Tontons Flingueurs d’Etat nous leur conseillons d’y renoncer, car «quand on nous en fait trop, on correctionne plus, en dynamite, on disperse, on ventile».

        Lançons leurs nos carottes bio, nos bougies en vraie cire d’abeilles survivantes et nos pavés en granite véritable, naturellement radioactif lui.

        Les armes de la critique, de l’humour,  des luttes sociales et des alternatives en actes forgent les outils de nos victoires, aujourd’hui comme demain.

        Au cri puissant des combattants de la liberté :


    No pasaran !

                                Buennaventura.

    L'Alter : Edito du N°30 - Déc / Janv / Fév 2013.


    votre commentaire
  • Soirée de soutien au journal l'Altermondialiste - samedi 24 novembre 2012 à 17h

    Apéritif à 17 h

    Conte et lecture

    Conférence gesticulée suivie d'un "débat mouvant"

    Concert de "la Fanfare des Guitares"

    20 h Repas bio végétarien + concert (15 euros/10 euros)

    21 h Concert (seul 7 euros/5 euros)

     

    Salle Bouzinac
    Rue Aristide Briand
    81600 GAILLAC


    votre commentaire
  •  

    L'Alter : Edito du N°27 - Mars / Avril / Mai 2012.

        Le 6 mai nous vivrons, en France, ce que certains désigneront comme un événement de notre vie politique et que d'autres considéreront comme un non-évènement. Quoiqu'il en soit, c'est  pour nous à la rédaction de l'Alter, l' occasion de s' interroger sur ce que sont nos institutions, d'où viennent-elles, que sont-elles et comment pourrait-on les conduire autrement ? Nous avons fait le choix de garder notre parfaite indépendance à l'égard de quelque parti que ce soit,  pour conserver intact notre liberté d'expression et parce que nous faisons le choix d'un horizon politique différent de celui de la démocratie représentative. Le politique a toujours été une préoccupation majeure de notre journal, en faire le sujet d'un dossier nous apparaît donc naturel.
     
        A travers les différents articles, vous trouverez une vision panoramique et globale de ce que signifie le mot politique. Notamment pour les moins avertis, et par delà les joutes politiciennes auxquelles nous sommes soumis depuis plusieurs mois et qui se prolongeront après le scrutin. Il ne s'agit pas de vous dire : votez, ou bien n'allez pas voter !

        Nous cherchons à nous placer dans d'autres perspectives, celles auxquelles nous invitait Cornelius Castoriadis dans l'un de ses ouvrages phare : «La Montée de l'Insignifiance» (éditions du Seuil). D'origine grecque Castoriadis était prédestiné pour interroger la démocratie et nos institutions, il nous invitait à être les créateurs permanents de nos institutions, à faire exploser le conservatisme vécu comme une chape de plomb sur nos existences. La description que nous faisons de nos institutions n'est pas tendre, que ce soit de l'État, de notre modèle de démocratie représentative ou du système électoral. Mais, nous ne nous contenterons pas « d'accuser », nous donnons quelques exemples d'expériences alternatives et d'explorations théoriques. Olivier nous rapporte ce qu'il a vécu au sein du Lycée expérimental de St Nazaire durant plusieurs années.

        D'autres expériences de ce type existent, le pouvoir n'aime pas les mettre en valeur. Au lieu de nous abreuver de fadaises, les médias nationaux seraient bien inspirés d'aller y voir de ce coté là. Dans un autre registre mais pas si éloigné, Yannis Youlountas, participant de la première heure à l'Altermondialiste, nous rapporte ses impressions de ce qui se passe en Grèce, avec la complicité de Raoul Vaneigem.

        Pour finir, nous vous signalons ce nouveau partenariat que nous débutons avec Radio Albigès, antennes sur lesquelles nous réalisons une émission hebdomadaire dont vous trouverez les plages horaires en fin de journal.

    Claudel.

     

     

    NOTE : Les éditos précédents sont toujours trouvables quelque part sur le blog :

    L'Alter : Edito du N°26 - Décembre / Janvier / Février 2012

    L'Alter : Edito du N°25 - Septembre / Octobre / Novembre 2011

     ...

     


    votre commentaire
  • Politique de l’intimité.

        On peut constater régulièrement, lors de débats sur des thèmes aussi divers que le nucléaire, les OGM, les nanotechnologies, le choix de son habitat... que certaines personnes rejettent d’emblée le terme « politique » lorsque est exprimé l’idée que les choix que nous faisons (ou ne faisons pas) sont des choix politiques. Tout comme ils devraient être des choix philosophiques, éthiques avant d’être des considérations économiques et financières. L'utilisation de ces mots sonnent comme des anachronismes poussiéreux dans un monde devenu trop « moderne », trop « rationnel », trop « concret » ! Et pourtant le politique, (à ne pas confondre avec la politique, qui n'est que verbiage et compromissions de politicien-ne-s de tous bords), est bien l’ensemble des décisions que nous, êtres humains en co-relations écologiques permanentes, devrions être capables de prendre de façon concertée, pour avancer sur le chemin du progrès social dans un élan de justice, d’équité et de respect pour les générations futures et autres êtres vivants de la biosphère.  

        De même, notre vie la plus intime peut subir l’ingérence d’un système de domination. Certaines cultures, certaines religions imposent leurs empreintes sur les corps. Ces marques inscrites jusque dans la chair d'hommes et femmes, leur rappellent au quotidien, que l’autonomie ne leur est permise que dans le respect d’un cadre de valeurs pour lesquelles ils n’ont pas été consulté. Que l’on me permette d’illustrer ce propos, sans trivialité, d’un exemple de relations intimes : dans leur quête de plaisir charnel, deux adultes consentants, enlacés, s’adonnent à des pratiques bucco-génitales. Difficile de voir un acte politique dans cet élan érotique. Et pourtant le cunnilingus peut s’avérer être un acte hautement politique et émancipateur. Cette douce et sensuelle jouissance est interdite à de nombreuses femmes dans le monde. L’infibulation et l’excision, pratiquées encore de nos jours, sont autant d’actes criminels gravant dans le corps des femmes le sceau de la domination patriarcale leur interdisant le droit au plaisir.

        L’autonomie des individus est l’ennemi de tous les systèmes s’érigeant au-dessus d'eux. Autonomie du plaisir des femmes contre le système patriarcal, autonomie des communautés indigènes face aux colons, autonomie des citoyen-ne-s face à l’État, autonomie alimentaire et énergétique face au système capitaliste aliénant, autonomie des circuits courts face à la grande distribution.

        L’Altermondialiste s’inscrit dans un processus de reprise en main de notre autonomie. La relocalisation de l’économie est en marche. Elle s’amplifiera, certainement à cause de la raréfaction ou de la cherté des ressources énergétiques. Sans attendre la fin du pétrole « bon marché », de nombreuses personnes s’organisent en acteurs de ce qu’il est devenu courant de nommer les « circuits courts ». Qu’il s’agisse de marchés de plein vent, de groupements d’achat, d’AMAP, de coopératives de production, de squats autogérés, de municipalismes différents… un monde nouveau se construit… à son rythme… tissant des liens que le système dominant essaie déjà de récupérer à son avantage. Preuves que nous sommes sur la bonne voie !


    Patrice K.


    votre commentaire
  • Tunisie 2011: vous avez dit révolution ?

    Soirée du 14 janvier 2011.

    Après un discours au ton « gaullien », le président Ben Ali quitte précipitamment le pays pour trouver asile – après une valse hésitation - en Arabie Saoudite. Cette « fuite » du dictateur, en place depuis 23 ans, apparaît pour l'opinion tunisienne et internationale comme la conséquence des manifestations qui ont éclaté dans le pays depuis le début décembre 2010. Ainsi, les évènements qui ont secoué la Tunisie pendant près de deux mois sonnent-ils comme une révolution considérée, par l'ensemble des commentateurs, comme le détonateur du « Printemps arabe ».

    Les impressions lors de séjours professionnels effectués avant et après ce 14 janvier, me conduisent à un certains nombre de réflexions sur la réalité de cette révolution.

    Une précision s'impose. Il est hors de question de faire « la fine bouche » devant l'effondrement – réel – de la dictature policière qui sévissait sous Ben Ali. La liberté de parole a été enfin donnée aux tunisiens et c'est irremplaçable ! C'est l'une des manifestations la plus sensible du changement qui s'est produit. Sous la férule policière du régime de Ben Ali et de ses sbires, les tunisiens respiraient la crainte. Et le manque de liberté était patent pour ceux qui voulaient le voir... Chacun devait se méfier de ses voisins, de ses relations, des lieux qu'il fréquentait, de ce qu'il disait.... Depuis le 14 janvier, on parle de tout, on discute de tout, et c'est extraordinaire au sens premier du terme !

    Une fois cette constatation faite, il est intéressant de s’attarder sur ce que l'on peut tirer d'un point de vue socio-économique et politique des évènements qui ont secoué la société tunisienne.

    En fait, la question qui se pose est de savoir si l'on peut parler effectivement de « révolution » ou bien d'un « réajustement politico-structurel » ? Vaste question demandant de définir ce qu'est une révolution... Dans son acception la plus large, une révolution pourrait être définie comme la prise de pouvoir d'un mouvement politique dont le but serait d'amener un changement en profondeur dans la structure politique, sociale et économique d'un état. Cette définition simple, mais non simpliste, recèle tous les ingrédients qui appellent la réflexion.

    Ainsi, à l'aune de cette définition, la « Révolution du jasmin » apparaît-elle comme un « changement en profondeur dans la structure politique, sociale et économique » de la Tunisie ?

    Si la structure politique a profondément changé puisque la dictature a été renversée et remplacée par un « gouvernement de transition », que le parti du pouvoir (le fameux « Rassemblement Constitutionnel Démocratique » ou RCD) a été dissout, que les biens usurpés par la mafia de l'ancien régime ont été récupéré par l'Etat tunisien, il est plus difficile de cerner le changement « en profondeur » d'un point de vue socioéconomique, du moins jusqu'à maintenant... Le personnel politique a changé, les règles du pouvoir ont changées en devenant démocratiques, des réformes sont entreprises, mais les rapports de productions et le pouvoir économique ont, à l'heure actuelle, peu ou pas changés...

    En tenant compte des acteurs en présence lors des évènements, il est difficile d'identifier un mouvement politique porteur d'un programme « révolutionnaire »... Ceci explique peut être cela. Aucun groupement politique n'a été ni à l'origine, ni porteur du processus de changement. Les membres des partis politiques d'opposition étaient soit en exil, soit emprisonnés, les islamistes pourchassés et la centrale syndicale (CGTT) très engagée dans la « cogestion » avec le pouvoir en place... D'ailleurs le slogan « Dégage »  révélait un ras-le-bol populaire manifeste mais pas un programme politique alternatif !

    En fait, la première impression concernant la « révolution tunisienne » est que l'on a éliminé « en douceur » ceux qui devenaient gênants. Ben Ali bien sur, incarnant un pouvoir autoritaire à la dérive et usé, mais surtout la belle-famille, les Trabelsi, qui représentaient de plus en plus une hérésie au point de vue économique. En effet, cette « famille » avait la main mise sur presque toutes les activités économiques du pays. Le détournement de l'économie à leur profit représentait près de 60% du PIB du pays ! En réalité, la Tunisie n'était plus un pays où la libre entreprise fleurissait sans entrave, mais à l'opposé, un pays ou l'on devait systématiquement tenir compte de l'appétit d'un pouvoir mafieux de plus en plus avide et envahissant. On raconte même que MacDo désirait s'implanter à Tunis mais que, selon ses habitudes, le clan Trabelsi avait exigé 50% des bénéfices de l'entreprise. Ce serait cette exigence qui aurait conduit au « lâchage » de la dictature par les Etats Unis...

    Mais revenons sur les raisons de notre « première impression ».

    Une « révolution de la jeunesse » ?

    Il a été dit et redit, que la révolution tunisienne était celle de la jeunesse. Dans un pays ou près de 60% de la population à moins de 30 ans cela n'est pas une réelle surprise... Dans tout les cas, si cela a été le fait de la jeunesse, ce ne fut pas vraiment le fait de la jeunesse estudiantine. L'université dans son ensemble est restée étonnamment calme, et les protestations sur les campus ont plutôt été le fait des enseignants organisés en comités. D'ailleurs, les cours ont repris très vite (dès fin mars) et il faut être perspicace pour trouver désormais des signes « d'agitation ». La seule propagande politique visible sur les campus est celle des islamistes...

    Lors des grandes manifestations à Tunis ou dans les autres grandes villes, la foule ne paraissait pas plus « jeune » que la moyenne d'une foule tunisienne et même peut-être un peu moins. L'implication de la jeunesse soulignée par les observateurs provenait surtout de l'utilisation des réseaux sociaux tels que facebook ou twitter comme outil de mobilisation, réseaux qui ne pouvaient qu'être « aux mains » des jeunes, les seuls – par définition - à savoir utiliser ce nouvel outil de communication. Mais est ce suffisant pour qualifier la révolution tunisienne comme « révolution de la jeunesse » ? Cela reste à prouver...

    Des émeutes durement réprimées à l'origine du soulèvement ?

    Les émeutes dans le sud tunisien à Sidi Bouzid ou à Gafsa en décembre 2010 réputées avoir mis « le feu aux poudres » n'étaient ni plus, ni moins, réprimées que celles qui se déroulaient depuis près de 3 ans dans ces régions. Mais cette fois, elles ont été répercutées sur la « toile » avec le retentissement national que l'on sait. La question est de savoir pourquoi. Un « détail » révélateur d'acteurs agissant « en coulisse » concerne précisément internet et les réseaux sociaux. Le pouvoir, au début janvier, avait décidé d'interrompre les connexions internet. Or, l’ambassade des Etats Unis est directement intervenue pour donner l'ordre à Ben Ali de rétablir l'accès au net. Ce qu'il fit après seulement 3 jours d'interruption ! C'est probablement ce que l'on nomme le « droit d'ingérence »...

    La « fuite » de Ben Ali: une conséquence du mouvement populaire ?

    Tous les témoignages concordent, le départ précipité de Ben Ali a surpris tout le monde aussi bien le peuple, l'opposition que les membres du parti du président. On pourrait même rajouter que Ben Ali lui-même a été surpris tant sa « fuite » a donné l'impression d'une grande improvisation ! D'ailleurs, était ce vraiment une fuite ? En réalité, ce fut plutôt une manipulation. C'est comme cela qu’Ali Seriati, ministre de la sécurité a du la présenter au président. Quitter le pays pour une brève période, le temps que la police politique organise le chaos, pour revenir en sauveur ! Opération classique qui aurait dû fonctionner... Les samedi 15 et dimanche 16 janvier ont été les plus mouvementés de la « révolution ». La police, très entrainée, a délibérement créé un climat d'insécurité dans les rues de la capitale et des principales villes: snippers, tirs contre les façades en 4x4, sirènes, incendies (dans les quartiers pauvres uniquement...) etc. Simultanément, les prisons étaient « mystérieusement » ouvertes... Mais c'était sans compter sur l'armée. Dès le dimanche soir, le palais présidentiel a été attaqué à l'arme lourde dans le but de décapiter la direction de la police politique. Simultanément, ou presque, le ministre de l'intérieur était arrêté en tentant de fuir vers l’Arabie Saoudite.

    Cela interpelle sur le rôle – capital – de l'armée tunisienne pourtant peu équipée, sans lustre  et « forte » seulement d'environ 35 000 hommes face à plus de 150 000 policiers entraînés...

    L'armée tunisienne garante du processus révolutionnaire ?

    Ce fut la « divine surprise » de la révolution du jasmin ! L'armée tunisienne s'est révélé garante du processus révolutionnaire. Une armée totalement laissée pour compte par Ben Ali qui lui préférait « sa » police. Sous-équipée, absente physiquement et politiquement, l'armée fait irruption dès le 14 janvier en matinée, en se positionnant aux différents endroits stratégiques du Grand Tunis et en bouclant l'espace aérien juste après l'allocution de Ben Ali. Elle protège les tunisotes des exactions de la police politique et elle maintient l'ordre dans les principales villes. Du jamais vu ! Une nouvelle fois la question qui brûle les lèvres est: que s'est-il donc passé ? Cinq jours auparavant, le général d’état major des armées de terre, R. Ammar, avait été limogé car – officiellement – il avait refusé de faire tirer l'armée sur le peuple. Pour certains commentateurs, la prise de pouvoir du général Ammar a reçu l'aval du gouvernement américain à travers des communications confidentielles via l’Arabie Saoudite... Ce général, « sauveur de la révolution » restera quelque temps sur le devant de la scène politique, le temps pour qu'un certain calme revienne à Tunis. Depuis, il se fait ensuite politiquement discret mais il a été promu en avril 2011 chef d’état major interarmées et reste très populaire dans le pays…

    Et le rôle Etats Unis ?

    A plusieurs reprises les Etats Unis ont été cité dans ce qui précède. Rétablissement des connexions internet, relations privilégiées avec les responsables de l'armée tunisienne... Ces quelques éléments suggèrent que l'administration américaine s'est certainement intéressée de près à ce qui se passait dans le pays. Ce fut très clair dans le cas de la « Révolution du Nil » en Egypte ou c'est le chef de la CIA qui a annoncé le départ de Moubarak, en Lybie ou c'est l'OTAN qui a finalement pris la direction des opérations militaires à la suite de la coalition européenne et même en Syrie pour laquelle l'administration Obama reste très (trop!) silencieuse... En Tunisie, pays jugé moins sensible car sans pétrole et sans frontières communes avec Israël, l'interventionnisme a été plus discret mais sans aucun doute réel. Ni les entreprises représentant les intérêts américains, ni l'ambassade n'ont été mis en état d'alerte lors des évènements les plus mouvementés de la mi-janvier comme si ces derniers n'avaient jamais été vraiment pris au sérieux.

    Un scénario pour une « révolution » !

    Pourquoi ne pas faire un peu de « politique fiction »... Imaginons un scénario de ce qui a pu se tramer entre mi-décembre 2010 et fin janvier 2011 en Tunisie.

    Deux hypothèses sont nécessaires afin d'étayer notre scénario. Hypothèses d'ailleurs pas spécialement « tirées par le cheveux ».

    1- Le clan Trabelsi aux commandes officieuses de la Tunisie, estime que Ben Ali a fait son temps et qu'il faut songer à le remplacer avant que la situation sociale et politique ne dégénère vraiment et devienne incontrôlable. Ce clan est prêt à n'importe quelle compromission et alliance afin de conserver ses avantages...

    2- l'équipe Obama est traumatisée par les conséquences désastreuses de l'intervention armée en Irak. En aucun cas elle ne souhaite se retrouver dans une situation similaire mais en même temps ne peut se désintéresser de cette partie du monde particulièrement sensible: les ressources énergétiques stratégiques et la présence d'Israël ne le lui permettent pas.

    En associant ces deux hypothèses, il est possible d'entrevoir un scénario ayant débouché à ce que l'on nomme la « Révolution du jasmin ».

    Depuis au moins 3 ans, le sud tunisien est le théâtre de manifestations violentes durement réprimées. Le bassin minier de Gafsa est en effervescence. La frontière avec la Lybie est également une zone de troubles liés au « jeu » de déstabilisation de la part du pouvoir lybien vis à vis des tunisiens travaillant de l'autre côté de la frontière. En outre, l'aménagement de la côte à des fins touristiques et spéculatives a fait de nombreux mécontents dans la population: épuisement des ressources en eau et salinisation conduisant l'agriculture vivrière au bord de l'asphyxie, appauvrissement de l'intérieur du pays laissé pour compte. De ce fait, la situation fin 2010 dans le sud est très tendue. Une immolation par le feu à Sidi Bouzid d'un jeune étudiant au chômage, vendeur à la sauvette, conduit à une violente manifestation de protestation. Cette dernière est durement réprimée « comme d'habitude » oserait-on dire. Mais cette fois les réseaux sociaux entrent en scène et les manifestations de soutien se multiplient et fait très inhabituel, le Grand Tunis entre, fin décembre/début janvier 2011, dans la contestation. C'est le pays entier qui proteste !

    Le pouvoir s'inquiète. Des discours convenus avec des promesses sur l'emploi, l'avenir du pays auxquelles personne ne croit émaillent les deux premières semaines de l'année. La pression ne diminuant pas, les évènements s'accélèrent. Le général R. Ammar est limogé, le discours préenregistré est diffusé, Ben Ali « fuit », les barbouzes officient, l'armée intervient. Rideau, ou presque !

    Il est tentant d'imaginer ce qui s'est passé en tenant compte l'ensemble des informations et réflexions précédemment exposées.

    Avec l'extension des manifestations populaires contre Ben Ali, les « Trabelsi » trouvent l'occasion de le pousser dehors, tout particulièrement son épouse qui est de fait la « régente de Carthage ». Un discours d'abord ou il annonce son retrait de la vie publique dans les deux ans: sans effet tangible sur l'opinion. Ensuite, la « fuite » organisée par le responsable sécurité de son propre régime, opération contrecarrée par la « montée au créneau » surprise de l'armée. Au constat des déclarations contradictoires des principaux acteurs du 14 janvier, on ne peut que suspecter le « jeu de dupes » qui s’est déroulé dans les hautes sphères du pouvoir entre l’Armée, les factions du pouvoir en place et, bien sûr, les Etats-Unis, mais sans que la population ni l’opposition n’en perçoive les tenants et les aboutissants… On pourrait même imaginer un double « deal » entre les Etats-Unis, le général Ammar d’une part et le clan « Trabelsi » d’autre part ce qui expliquerait plusieurs curiosités dans la séquences des évènements et des déclarations du 14 janvier 2011. Un premier deal entre le chef des armées de terre qui aurait eut/qui a eut « carte blanche » pour « dégager » Ben Ali et les clans associés, un second entre les Etats-Unis et le clan Trabelsi lui faisant croire qu’ils pourraient prendre la suite du vieux dictateur. Mais à ce niveau d’hypothèse, on entre dans la politique-fiction…

    Et maintenant ?

    La « Révolution du jasmin » ou « facebook » porte-t-elle bien son nom ? La situation actuelle, 6 mois après les évènements qui ont conduit à l'effondrement de la dictature, ne paraît pas en être en faveur de la prolongation d'un réel processus révolutionnaire. L'inexpérimentation du nouveau « personnel » politique est manifeste, les adversaires du changement multiples et puissants. Le gouvernement de transition n'apporte aucun souffle et reste englué dans un cadre psychologique légué par l'ancien régime. L'absence de mouvements politiques structurés (excepté les islamistes…) se révèle un frein à la poursuite du changement.

    L'élection d'une assemblée constituante, proposition qui avait beaucoup aidé à sortir des blocages post 14 janvier, s'enlise dans des considérations politiciennes qui ont pour toile de fond la possibilité de victoire des islamistes et d'un scénario « à l'algérienne » qui s'ensuivrait avec le risque d'un coup d'état de l'armée. La situation économique se détériore et fait le lit des radicaux, nostalgiques de l'ancien régime et radicaux religieux.

    Cette situation délétère fait que la Tunisie apparaît actuellement dans une situation de grande incertitude quant à son avenir, incertitude préjudiciable à sa stabilité et à l'espérance populaire suite à la chute du régime de Ben Ali. Les 6 prochains mois, si les élections reportées au 23 octobre sont maintenues (ce qui n’est pas certain…), devraient permettre d'entrevoir dans quelle direction s'orientera le pays: soit vers un approfondissement du changement entamé le 14 janvier 2011, soit vers un désenchantement populaire, porteur à court terme d’une profonde déstabilisation et qui aura pour conséquence inéluctable de renforcer l'extrémisme religieux et la «contre-révolution».


    Pierre Courjault-Radé.


    votre commentaire
  • Organisation et prise de décision : Assemblées permanantes et générales, commussions de travail et noyaux locaux. (extraits du document de présentation de la Coopérative)

    La Coopérative est constituée de membres, consommateurs et/ou producteurs de biens ou de services, eux mêmes participants aux commissions de travail et/ou noyaux locaux autonommes... le tout dans une économoie mixte entre l'EURO et l'ECO-coop :

    (Nous ne ferons ici, que survoler les principes de fontionnement de la Coopérative, chacun pourra trouver des documents bien plus explicites, complémentaires et exhaustifs sur Internet : http://lesonetlaforme.revolublog.com
    article « Marie, la décroissance et la coopérative... (Mazamet - Avril 2011)
    ou  sur https://cooperativa.ecoxarxes.cat/)

        «  Les commissions de travail ont un haut degré de décision, afin de leur garantir une certaine autonomie. Ainsi, une grande partie des prises de décisions étant décentralisée, les différents projets peuvent évoluer de manière autonome...

    … D'un autre côté, les questions plus générales sont mises en commun lors des débats des assemblées permanentes (tout les 15 jours / participation ouverte composée au minimum d'un membre de chaque commission de travail et d'un représentant de chaque noyau local) et des journées d'assemblée générale (tout les mois / qui traite d'une thématique spécifique, choisie au préalable par consensus et considérée comme étant décisive pour le développement de la CIC). Un réseau social internet permet les échanges d'informations et de dates d'assemblées....

    … L'assemblée permanente décide si une décision doit être remise à la journée d'assemblée, ou à la commision de résolution de conflits; une décision qui touche à des personnes en particulier doit être décidée par celles-ci...

    ... Les noyaux locaux sont des réseaux ou des groupes de personnes et de collectifs qui pensent et agissent à la manière de la CIC et partagent ses principes au niveau local. Ce sont des espaces autodéterminés. Un noyau local peut être: un quartier (ici de Barcelone), plusieurs provinces réunie, une seule province, deux ou trois communes réunies, un seul village...

    … Les « Ecoxarxas » ou Eco-Réseaux sont des associations de personnes appartenant à différentes régions et qui s'unissent de manière continue pour former des espaces économiques alternatifs à l'économie officielle. Ce sont aussi des réseaux organisés de soutien, d'aide mutuelle et d'apprentissage, sur la base des critères de durabilité écologique, de proximité et de solidarité. Leur caractéristique distinctive est l'usage de la monnaie locale (ou sociale), permettant le fonctionnement d'un système d'échange multiréciproque, et excluant l'usage de l'argent officiel. »


    1 commentaire
  • Un « couvre feu » pour mineurs à Aussillon.

    Fin juillet 2011, l’équipe municipale d’Aussillon a pris une décision qui a dû lui faire mal au cœur : interdire certaines rues de la commune la nuit aux mineurs.

    Cette décision intervient suite à deux nuits qui ont agité le quartier de la Falgalarié-Rougearié à Aussillon fin juillet.
    Ces deux nuits d’agitation (incendie de véhicules, incendie de containers poubelles, bris de vitrines de commerce…) font elles-mêmes suites à de nombreux autres incidents que connaît le quartier depuis quelques années.

    Je ne vais pas donner plus d’éléments aux partisans du tout sécuritaire, aux racistes et anti-jeunes, mais il me semble intéressant de revenir sur la décision de l’équipe municipale d’Aussillon et sur la situation dont nous héritons.
    Je n’ai aucun doute sur la sincérité de l’équipe municipale d’Aussillon lorsqu’elle estime ne pas avoir d’autres solutions pour tenter de mettre un peu de calme dans le quartier et rassurer une partie de la population. Je n’en ai aucun doute. Cette équipe municipale n’a rien de comparable à certaines équipes municipales animées par des sentiments moins nobles que de protéger la jeunesse contre elle-même (Mazamet, Castres, Lavaur…) ! Le problème, c’est que pour faire le bien de la population du quartier et celui des mineurs par la même occasion (qui selon certains n’auraient rien à faire dans les rues au beau milieu de la nuit, point de vue que je ne partage pas ayant moi même été jeune il n’y a pas si longtemps !) on choisit d’adopter un comportement liberticide.

    On assassine un peu de liberté sous prétexte de garantir la liberté !

    Je suis aussi conscient qu’on ne peut pas rester les bras croiser en attendant qu’un grave accident survienne suite à ces actes devenus banals (exemple d’un accident qui peut dégénérer : septembre 2005, à l’Hays les Roses – Val de Marne – 3 jeunes filles mettent le feu à une boite aux lettre dans un immeuble. L’incendie se répand. Les fumées toxiques provoquent la mort de 18 personnes.). Nous savons que la répression, la prison, les menaces ne pourront en aucun cas endiguer un problème profond sans en avoir identifié la (les) source(s). Et quoi qu’en pensent certains, ni l’ultra répression ni le laxisme n’apporteront un début de réponse au problème. La répression n’est qu’une réponse (inadaptée) aux symptômes mais elle n’a aucun effet sur la source du problème. Alors cette source où se trouve-t-elle ? Et d’ailleurs n’y a-t-il qu’une source à ce problème ou bien est-ce que nous avons à faire à des comportements répondant à plusieurs sollicitations ? Une fois que nous aurons défini les sources des problèmes engendrant les actes d’incivilité, de malveillance, de délinquance, pourra-t-on affirmer que la municipalité d’Aussillon (comme toute autre municipalité) a les moyens de répondre en tarissant les sources des problèmes ? Surtout quand on constate le désengagement et les désinvestissements généralisés de l’Etat dans l’éducation, l’associatif, le logement…  

    Quelles analyses pouvons-nous tenter sur le pourquoi de ces comportements absurdes ?
    Ne sont-ils pas la manifestation d’un malaise grandissant ?

    - Perte de repaire vis-à-vis de parents difficilement « intégrés », dont l’autorité parentale a du mal à s’exprimer ?

    - Quelle est l’influence des médias dans lesquels les faits divers tiennent une place plus importante que l’information neutre ? Des médias dans lesquels la vie des « stars » est examinée sans pudeur afin de paraître bien plus d’importante, bien plus passionnante que celle que nous menons nous, foultitude des anonymes. 

    - Quelle est l’influence de certaines formes artistiques (cinéma, musique…) où le rêve côtoie souvent l’ultra violence ? Lorsque le héros sur lequel on cherche à s’identifier pour sortir de l’enfance et de l’identification aux parents n’est autre qu’un chanteur arrogant et vulgaire, un sportif millionnaire, un trader cocaïné ou un pdg de start-up alignant les clichés de semblant de réussite (voiture de sport ou de luxe, bijoux en or, filles jolies et apparemment disponibles), quels sont les repaires offerts par des Zinedine Zidane, Nicolas Anelka, Steevy Boulez, Zahia, Dominique Strauss-Khan, Nicolas Sarközy, Frédéric Lefèvre, Marine Le Pen, Ségolène Royal, Christine Boutin, Eric Zemmour, Alain Soral, Arthur, Orelsan, BHL, Vincent Delherm, Jérôme Kerviel, Sami Naceri, Justin Bibbers, Nicolas Hulot, Angelina Joly, Kate Moss, Mark Zuckerberg (inventeur de facebook), Doc Gynéco, Jean-Marc Pastor ? (liste non exhaustive, chaque époque ayant ses médiocrités !)

    - Quelle est l’influence de la situation sociale du bassin mazamétain ? Le manque de perspectives professionnelles dans son lieu de vie n’a-t-il pas un impact psychologique sur des individus à qui on tente de faire croire que l’intégration dans la société adulte est liée à l’emploi, au travail, au revenu afin de pouvoir perpétuer la domesticité, la docilité, l’obéissance qui sont attendues de lui ? Néanmoins cette question est à mettre en perspective avec le fait qu’Aussillon n’est pas la seule commune à connaître des actes d’incivilité, de « violences urbaines » ; la situation sociale et économique générale serait peut-être à mettre en questionnement à son tour.

    L’ascenseur social est bloqué nous dit-on. J’ai plutôt l’impression qu’il descend vers les sous sols !

    Que représentent les objets les plus souvent vandalisé ?
    - Voitures ?
    - Containers de poubelles ?
    - Vitrines des commerces, banques, pharmacie ?
    - crèche, centre social ?

    Le système consumériste, l’urbanisation inadaptée à la dignité humaine, les services ayant un rapport avec les institutions publiques honnies…

    L’aliénation à la société de consommation dans laquelle nous sommes encouragés à entrer par d’innombrables artifices (publicités incessantes et omniprésentes), mais dans laquelle nous ne pouvons accéder que grâce à l’argent libérateur que l’absence de travail ne rend pas accessible.

    Parfois j’imagine que ces actes d’incivilité pourraient correspondre à de nouveaux rites initiatiques correspondant à un passage à l’âge adulte ? Dans nos société contemporaines, seul l’état civil nous désigne comme adulte, donc prétendument mature pour s’assumer (il fut un temps où le service militaire, parait-il, remplissait ce rôle pour les jeunes garçons dans de nombreux pays. Je précise que je ne suis pas nostalgique de ce temps révolu !).

    Une forme de reconnaissance de ce statut d’adulte ne devrait-elle pas être mise en réflexion ?
    Brûler des véhicules serait-il une forme d’exercice expiatoire ?
    Un rite permettant de brûler sa mue pour passer dans un corps d’adulte ?

    Un jeu dangereux d’affrontement avec l’autorité afin de se fixer des limites repoussées toujours plus loin ?
    Nombreux sont les peuples où les adolescents subissent (c’est le terme adapté, il me semble) une série de tests, d’épreuves qui les mènent à l’âge adulte. Sans en arriver à de tels extrêmes, il faudrait peut-être se poser la question du sens de ces rites. Et se demander ce qui nous manque, à nous ou à celles et ceux qui refusent de vivre « docilement » dans ce système pour accepter ledit système.

    Une sorte de contrat signé entre la « société » et le contractant. Un contrat social. Un contrat de maturité. Mais pour cela il faudra bien une période d’apprentissage de la vie d’adulte ! Une formation en supplément de la scolarité… ou en même temps.

    J’ai conscience que mon projet de contrat social est lacunaire : car si une personne refuse de contracter… on fait quoi avec ? Moi-même, si on m’avait demandé de signer un contrat acceptant les termes de la social-démocratie capitaliste, me demandant de m’aliéner, de subir, docile, confiant… il est certain que j’aurai refusé ! D’ailleurs, n’ai-je pas moi-même déjà mis le feu ?   


    Patrice K.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique