• Politique de l’intimité.

        On peut constater régulièrement, lors de débats sur des thèmes aussi divers que le nucléaire, les OGM, les nanotechnologies, le choix de son habitat... que certaines personnes rejettent d’emblée le terme « politique » lorsque est exprimé l’idée que les choix que nous faisons (ou ne faisons pas) sont des choix politiques. Tout comme ils devraient être des choix philosophiques, éthiques avant d’être des considérations économiques et financières. L'utilisation de ces mots sonnent comme des anachronismes poussiéreux dans un monde devenu trop « moderne », trop « rationnel », trop « concret » ! Et pourtant le politique, (à ne pas confondre avec la politique, qui n'est que verbiage et compromissions de politicien-ne-s de tous bords), est bien l’ensemble des décisions que nous, êtres humains en co-relations écologiques permanentes, devrions être capables de prendre de façon concertée, pour avancer sur le chemin du progrès social dans un élan de justice, d’équité et de respect pour les générations futures et autres êtres vivants de la biosphère.  

        De même, notre vie la plus intime peut subir l’ingérence d’un système de domination. Certaines cultures, certaines religions imposent leurs empreintes sur les corps. Ces marques inscrites jusque dans la chair d'hommes et femmes, leur rappellent au quotidien, que l’autonomie ne leur est permise que dans le respect d’un cadre de valeurs pour lesquelles ils n’ont pas été consulté. Que l’on me permette d’illustrer ce propos, sans trivialité, d’un exemple de relations intimes : dans leur quête de plaisir charnel, deux adultes consentants, enlacés, s’adonnent à des pratiques bucco-génitales. Difficile de voir un acte politique dans cet élan érotique. Et pourtant le cunnilingus peut s’avérer être un acte hautement politique et émancipateur. Cette douce et sensuelle jouissance est interdite à de nombreuses femmes dans le monde. L’infibulation et l’excision, pratiquées encore de nos jours, sont autant d’actes criminels gravant dans le corps des femmes le sceau de la domination patriarcale leur interdisant le droit au plaisir.

        L’autonomie des individus est l’ennemi de tous les systèmes s’érigeant au-dessus d'eux. Autonomie du plaisir des femmes contre le système patriarcal, autonomie des communautés indigènes face aux colons, autonomie des citoyen-ne-s face à l’État, autonomie alimentaire et énergétique face au système capitaliste aliénant, autonomie des circuits courts face à la grande distribution.

        L’Altermondialiste s’inscrit dans un processus de reprise en main de notre autonomie. La relocalisation de l’économie est en marche. Elle s’amplifiera, certainement à cause de la raréfaction ou de la cherté des ressources énergétiques. Sans attendre la fin du pétrole « bon marché », de nombreuses personnes s’organisent en acteurs de ce qu’il est devenu courant de nommer les « circuits courts ». Qu’il s’agisse de marchés de plein vent, de groupements d’achat, d’AMAP, de coopératives de production, de squats autogérés, de municipalismes différents… un monde nouveau se construit… à son rythme… tissant des liens que le système dominant essaie déjà de récupérer à son avantage. Preuves que nous sommes sur la bonne voie !


    Patrice K.


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